Cela faisait deux
jours qu’Orion tentait toutes les manœuvres
de son répertoire afin de distancer la flotte du seigneur de guerre. Il lui
avait fallu toute son expertise pour diriger son navire, le Stralsund,
en suivant les vents et courants. Cora s’étonnait encore de la transformation
radicale de son compagnon. S’il se montrait prévenant et s’inquiétait de son
bien-être, il n’avait pourtant pas quitté son poste, ni rejoint sa cabine. A
peine un verre de vin coupé d’eau douce et un quignon de pain, engloutis sans
même y faire attention.
L’homme, concentré sur sa tâche, ne ressemblait pas au dandy fanfaron qu’elle connaissait. Calé sur la barre, il lançait des ordres d’un ton sans réplique. Autour de lui, tout l’équipage s’activait, manipulait les voiles et les cordages sans aucun doute. La jeune femme ne s’attendait pas à ce que l’équipage respecte autant celui qu’elle n’avait connu que comme un désinvolte alcoolique. La mer transfigurait son allié de circonstance. Il lui semblait… à sa place. Vraiment lui-même. Elle commença à y croire.